sœur, elles n’avançaient pas. Tous les maréchaux
de la noblesse n’étaient occupés que des élections,
et il était impossible de venir à bout d’une simple
tutelle. La question d’argent rencontrait également
des obstacles. Après de longues démarches, l’argent
était prêt à toucher, mais le notaire, l’homme
le plus obligeant du monde, ne pouvait pas en délivrer
la quittance parce qu’il fallait la signature
du président, lequel était en session. Toutes ces
démarches, ces courses, ces pourparlers avec de
très braves gens, tous désireux de rendre service
mais qui ne pouvaient rien, tout cela faisait à Lévine
l’effet de ces efforts inutiles qu’on fait en rêve.
Il éprouvait souvent quelque chose de semblable
en causant avec son avoué, un excellent homme
qui semblait faire tout son possible et dépenser
toutes ses forces intellectuelles pour le tirer d’embarras.
« Essayez d’agir ainsi, disait-il ; allez là et
là », et l’avoué tirait des plans destinés à contourner
le principe fatal qui faisait obstacle à tout. Mais
aussitôt il ajoutait : « Ce n’est guère probable que
cela réussisse ; cependant essayez. » Et Lévine
essayait, faisait des démarches, voyait les gens.
Tous étaient bons et charmants, mais l’obstacle
contourné se dressait d’un autre côté et de nouveau
barrait le chemin. Ce qui surtout irritait Lévine,
c’était de ne pouvoir comprendre contre qui il luttait,
ni à qui profitait ce retard dans le règlement de
ses affaires ; et personne, pas même l’avoué, ne
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