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elle les relisait. En outre, aucun des sujets pouvant intéresser Vronskï ne la laissait indifférente ; elle les étudiait dans des livres et des revues spéciales, de sorte que souvent, il la consultait sur une question d’agronomie ou d’architecture et, parfois même, d’élevage et de sport.

Il admirait ses connaissances, sa mémoire ; au commencement, il se montrait défiant et désirait la confirmation de ce qu’elle avançait, mais elle trouvait dans les livres ce qu’il lui demandait et le lui montrait.

Elle s’intéressait aussi à la construction de l’hôpital ; elle y collaborait et y apportait des idées personnelles. Cependant, son principal succès était le soin de sa personne ; elle se savait chère à Vronskï, et elle voulait remplacer pour lui tout ce qu’il avait abandonné pour elle ; Vronskï, de son côté, appréciait ce souci devenu le but unique de sa vie : lui plaire et se dévouer à lui ; cependant ce filet dans lequel son amour s’efforcait de le retenir captif lui pesait. Plus le temps passait, plus il voyait sa captivité se resserrer ; certes il ne voulait pas s’en dégager, mais il tenait à garder quelque liberté. Sans ce désir toujours grandissant de vouloir se sentir libre, sans les scènes qu’il lui fallait subir chaque fois qu’il devait aller en ville, à une réunion, aux courses, le bonheur de Vronskï eût été complet.

Le rôle de grand propriétaire auquel il s’était