Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/349

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chevaux aux paysans, premièrement tu me contrarieras, et deuxièmement ils accepteront mais ne l’amèneront jamais jusqu’au bout. J’ai des chevaux ; si tu ne veux pas m’attrister, prends les miens.

Daria Alexandrovna dut accepter, et pour le jour indiqué Lévine lui fit préparer quatre chevaux et une voiture ; l’attelage n’était pas très joli, mais pouvait amener Daria Alexandrovna chez les Vronskï en une journée. La vieille princesse et la sage-femme devaient aussi s’en aller, de sorte que c’était un vrai dérangement pour Lévine, mais c’eût été peu hospitalier de laisser partir Daria Alexandrovna en attelage loué, et de plus il savait que les vingt roubles demandés par les paysans pour le voyage étaient pour elle une vraie somme, vu l’état actuel de ses finances, que Lévine comprenait parfaitement.

Sur les conseils de Lévine, Daria Alexandrovna partit dès l’aube.

La route était belle, la voiture confortable, les chevaux trottaient gaîment, et sur le siège, à côté du cocher, Lévine pour plus de sécurité avait placé en guise de valet de pied le garçon de bureau.

Daria Alexandrovna s’endormit et ne s’éveilla qu’à l’auberge où il fallait relayer.

Là elle prit du thé chez le riche paysan où Lévine, en allant chez Sviajski, s’était autrefois arrêté, et après avoir causé avec les femmes de leurs enfants et, avec le vieux, du comte Vronskï qu’il vanta