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Stépan Arkadiévitch était agréable à Lévine. Il était encore heureux parce qu’en rentrant il avait trouvé le messager de Kitty et son billet.

« Je me porte très bien et suis très gaie. Si tu t’inquiètes pour moi, tu peux te rassurer complètement : j’ai un nouveau garde du corps, Marie Vassilievna (c’était la sage-femme, un personnage nouveau et fort important dans la famille). Elle est venue prendre de mes nouvelles et me trouve très bien portante ; nous l’avons retenue jusqu’à ton retour. Tous sont gais et en bonne santé ; aussi je t’en prie, ne te hâte pas, et si la chasse est bonne restez encore un jour de plus. »

La chasse heureuse et le billet de sa femme furent pour lui deux joies si grandes qu’elles effacèrent deux incidents moins agréables : le cheval de volée, surmené la veille, refusait de manger et paraissait abattu.

— Hier on l’a trop stimulé, Constantin Dmitritch, disait le cocher.

L’autre, qui au premier moment gâta sa bonne humeur, mais dont lui-même s’amusa beaucoup ensuite, c’était de ne plus rien trouver des provisions données par Kitty en telle abondance qu’elles semblaient devoir être suffisantes pour une semaine. En revenant de la chasse, fatigué et affamé, Lévine comptait particulièrement sur les petits pâtés, et il en sentait à l’avance l’odeur et le goût comme Laska le gibier. Aussitôt rentré il ordonna