Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIII

Une superstition répandue parmi les chasseurs, c’est que la chasse sera heureuse si le premier coup réussit ; cette fois elle se trouvait confirmée. Lévine rentra vers dix heures du matin, fatigué, affamé, mais enchanté, après avoir parcouru une trentaine de verstes, tué dix-neuf oiseaux et un canard, que, faute de place dans sa gibecière, il attacha à sa ceinture. Ses compagnons levés depuis longtemps avaient eu le temps d’avoir faim et de déjeuner.

— Attends ! Attends ! Je sais qu’il y en a dix-neuf, dit Lévine comptant pour la seconde fois les bécasses et les bécassines, raidies, dont les plumes étaient collées par le sang coagulé ; leurs petites têtes penchées de côté, n’ayant plus leur air majestueux du vol.

Le compte était exact et le sentiment d’envie de