et se mit sous le vent galopant doucement pour
pouvoir brusquement s’arrêter si besoin en était.
Elle tourna à droite, car le vent soufflait de l’est,
et, les narines dilatées, aspirant l’air, elle sentit
aussitôt qu’il ne s’agissait pas seulement de piste
mais que le gibier lui-même était là, en abondance.
Laska ralentit sa course. Les oiseaux étaient là,
mais où ? Elle ne pouvait encore le définir exactement.
Afin de trouver, elle commençait à tourner en
cercle, quand tout à coup, la voix de son maître la
dérangea : « Laska, ici ! » dit-il lui désignant un
autre endroit. Elle s’arrêta hésitante, mais il répéta
l’ordre d une voix impérieuse, en désignant un
endroit où il n’y avait que des racines couvertes
d’eau et où il ne pouvait rien se trouver. Elle fit
semblant de chercher pour lui faire plaisir. Elle
explora l’endroit et revint où elle était d’abord, et
aussitôt de nouveau elle sentit le gibier. Maintenant
qu’on la laissait tranquille, elle savait ce qu’il
lui fallait faire et sans regarder sous ses pattes, se
heurtant à de grosses racines, tombant dans les
bourbiers, mais se remettant aussitôt sur ses
pattes fortes et souples, elle se remit à tracer des
cercles pour se fixer définitivement. Leur odeur la
frappait de plus en plus. Tout d’un coup elle acquit
la certitude qu’un d’eux était là, derrière une
racine, à cinq pas d’elle, et, s’arrêtant, elle se
raidit de tout son corps. Ses jambes trop basses
l’empêchaient de voir devant elle, mais son flair
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