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que leur maîtresse était là, que Kapitonitch l’avait laissé entrer et qu’elle se trouvait dans la chambre de l’enfant ; ils savaient aussi que leur maître avait l’habitude d’entrer chaque matin dans la chambre de son fils à neuf heures, enfin tous comprenaient qu’une rencontre entre les deux époux était impossible et qu’il fallait l’éviter.

Korneï, le valet de chambre, descendit chez le suisse pour demander comment on l’avait introduite, et ayant appris que c’était Kapitonitch qui l’avait reçue et accompagnée, il réprimanda le vieillard. Le suisse garda d’abord un silence obstiné, mais quand Korneï déclara qu’il méritait d’être chassé, Kapitonitch bondit et s’approchant de lui avec des grands gestes, s’écria :

— Oui, tu ne l’aurais pas laissé entrer ! Moi, je l’ai servie dix ans, je n’ai eu d’elle que des faveurs et maintenant j’irais lui dire : Veuillez sortir ! Tu comprends la politique, toi. Ce que tu n’oublies pas, c’est de voler tes maîtres !

— Soldat ! répondit Korneï avec mépris et il se tourna vers la vieille bonne qui entrait en ce moment.

— Soyez juge, Marie Efimovna, il a laissé entrer madame sans rien dire à personne, et tout à l’heure, quand Alexis Alexandrovitch sera levé, il ira dans la chambre de son fils.

— Quelle affaire ! dit la bonne. Korneï Vassili, trouvez donc un prétexte quelconque pour retenir