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à ses aiguillettes et le regardait bien en face.

— Et papa a-t-il fait ce qu’il demandait ?

Le suisse fit de la tête un signe affirmatif.

Cet employé aux joues bandées, qui était revenu sept fois pour voir Alexis Alexandrovitch, intéressait Serge et le suisse. Serge l’avait rencontré dans le vestibule et l’avait entendu supplier le suisse d’une voix plaintive de le faire recevoir, disant qu’il ne lui restait qu’à mourir avec ses enfants. Puis il l’avait rencontré une autre fois et dès lors s’intéressait à lui.

— Avait-il l’air content ? interrogea-t-il.

— Je crois bien. Il est parti presque en dansant.

— A-t-on apporté quelque chose ? demanda Serge après un moment de silence.

— Oui, monsieur, répondit à voix basse le suisse en hochant la tête ; on a apporté quelque chose de la part de la comtesse.

Serge comprit aussitôt qu’il s’agissait d’un cadeau pour son anniversaire.

— Que dis-tu ? Où ?

— Korneï l’a apporté chez votre papa ; ce doit être une belle chose.

— De quelle grandeur ? Comme ça ?

— Un peu moins ; mais c’est beau.

— Un livre ?

— Non, une machine quelconque. Allez, allez, Vassili Loukitch vous appelle, dit le suisse entendant venir le précepteur et détachant doucement la