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certaine température. Quand le docteur partit, le malade dit à son frère quelques mots dont il ne comprit que les derniers « ta Katia », mais, à son regard, Lévine comprit qu’il en faisait l’éloge. Il appela ensuite Katia, comme il la nommait.

— Je me sens beaucoup mieux, dit-il. Avec vous je serais guéri depuis longtemps. Comme c’est bien maintenant !

Il lui prit la main et voulut la porter à ses lèvres, mais, craignant de lui être désagréable, il se contenta de la caresser. Kitty prit sa main entre les siennes et la serra.

— Maintenant tournez-moi du côté gauche et allez vous coucher.

Personne n’entendit ce qu’il disait, seule Kitty le comprit, car elle pensait sans cesse à ce qui pouvait lui être utile.

— De l’autre côté, dit-elle à son mari. Il dort toujours de ce côté. Tourne-le, c’est désagréable d’appeler le domestique, moi, je ne puis pas. Et vous, pouvez-vous le soulever ? demanda-t-elle à Marie Nikolaievna.

— J’ai peur, répondit celle-ci.

Lévine, quoique terrifié à l’idée de soulever ce corps effrayant et de l’enlacer sous la couverture, subit l’influence de sa femme et passa ses bras autour du malade avec un air résolu qu’elle lui connaissait bien ; mais, malgré sa force, il fut frappé de l’étrange pesanteur de ses membres décharnés.