Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lévine, surtout en comparaison de leur jeune ménage, l’impression la plus pénible, accrue encore par la déception que causait la réalité en dépit de l’apparence de l’hôtel.

Après la traditionnelle question sur le prix qu’ils désiraient mettre à leur chambre, on leur expliqua que les meilleures chambres étaient occupées. L’une était prise par l’inspecteur des chemins de fer, une autre par un avocat de Moscou, une autre par la princesse Astafiev, venant de la campagne. Il ne restait qu’une chambre malpropre qu’on leur donna, leur en promettant une autre à côté pour le soir.

Lévine était fâché contre sa femme à cause de ses prévisions si vite réalisées, et de la nécessité où il se trouvait de s’occuper d’elle au lieu de courir vers son frère, sur l’état duquel il était plein d’anxiété.

Il fit entrer sa femme dans la chambre enfin mise à leur disposition.

— Va, va ! dit-elle, avec le regard d’une coupable.

Il sortit sans mot dire et près de la porte se heurta à Marie Nikolaievna qui venait d’apprendre leur arrivée et n’osait entrer chez eux. Elle était telle qu’il l’avait vue à Moscou : c’était la même robe de laine, découvrant les bras et le cou, le même visage bonasse, un peu bouffi et grêlé.

— Eh bien ! Qu’est-ce qu’il y a ? Comment va-t-il ?