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vait jamais autant de plaisir qu’en se baignant avec tous ses enfants. Tenir toutes ces petites jambes potelées pour les chausser, prendre dans les bras et plonger dans l’eau ces petits corps, écouter leurs cris tantôt joyeux, tantôt effrayés, voir les mignons visages aux yeux grands ouverts, tour à tour effarés ou amusés de ces chérubins qui s’envoyaient de l’eau, tout cela était pour elle un très grand plaisir.

Les enfants étaient à moitié rhabillés quand des paysannes endimanchées s’approchèrent de la cabine de bain et s’arrêtèrent timidement ; elles allaient chercher des fleurs dans la forêt. Maria Philémonovna appela l’une d’elles pour la prier de faire sécher une serviette et une chemise tombées dans l’eau. Daria Alexandrovna entama la conversation avec ces femmes. Tout d’abord les paysannes se mirent à rire, en se cachant la bouche de la main, ne comprenant pas bien les questions, mais bientôt elles s’enhardirent et se mirent à causer ; bref, par leur sincère admiration des enfants, elles gagnèrent la sympathie de Daria Alexandrovna.

— Ah ! ma belle ! Tu es blanche comme du lait ! disait l’une d’elles en admirant Tania ; puis, hochant la tête… Mais comme elle est maigre !

— Oui, elle vient d’être malade.

— Et celui-ci, on l’a baigné aussi ? demanda une autre en désignant le nourrisson.