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attelé à la voiture, grâce à la protection de Maria Philémonovna, Bourï, le cheval de l’intendant ; Daria Alexandrovna, après une toilette des plus minutieuses, parut enfin, vêtue d’une robe de mousseline blanche, prête à monter en voiture.

C’était avec un soin particulier et une vive émotion qu’elle s’était coiffée et habillée ce jour-là. Autrefois, elle prenait plaisir à se parer, heureuse d’être belle et de plaire, mais plus elle vieillissait plus il lui était désagréable de s’habiller : la toilette, selon elle, soulignait trop son âge. Toutefois ce jour-là elle s’était habillée avec un plaisir mêlé d’émotion, car elle ne se parait pas pour elle-même, ni pour s’embellir, mais pour faire honneur à ses charmants enfants, pour ne pas faire tache auprès d’eux ; et, jetant un dernier regard au miroir, elle s’en allait satisfaite. Elle se trouvait belle, non pas comme elle eut désiré l’être pour un bal, mais de cette beauté qu’elle recherchait, et qui était spécialement adaptée aux circonstances présentes.

À l’église il n’y avait que les paysans et les aubergistes avec leurs femmes. Mais dès l’entrée, Daria Alexandrovna vit, ou crut voir, l’admiration qu’elle provoqua avec ses enfants. Ceux-ci en effet, en dehors de l’élégance que leur donnaient leurs habits de fête, étaient charmants et leur tenue était des plus gracieuses.

Alexis, il est vrai, ne se tenait pas parfaitement bien : il ne cessait de se retourner pour voir l’effet