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des dogmes de l’église ; néanmoins dans sa famille, et non pas dans l’unique but de donner l’exemple, mais en toute sincérité, elle observait strictement toutes les prescriptions du culte, et ce fait que les enfants, depuis près d’un an, n’avaient pas communié, l’attristait beaucoup ; c’est pourquoi, avec l’entière approbation d’ailleurs de Maria Philémonovna, elle résolut d’accomplir ce devoir pendant l’été.

Quelques jours à l’avance, Daria Alexandrovna réfléchit à la façon dont elle habillerait tous les enfants. Les robes furent décousues, lavées et recousues ; on y mit des galons, des boutons et des rubans. Une robe de Tania que l’Anglaise s’était chargée de préparer causa bien du tracas à Daria Alexandrovna. L’Anglaise n’avait pas refait les coutures aux mêmes places, si bien que les emmanchures se trouvèrent trop étroites, et la robe faillit être perdue. La fillette était si serrée des épaules que cela faisait peine à voir ; Maria Philémonovna eut alors l’idée de mettre des pointes et de faire une pèlerine. Le mal fut donc réparé mais on faillit se fâcher avec l’Anglaise. Enfin le matin du jour fixé tout alla bien, et vers neuf heures, heure jusqu’à laquelle on avait demandé au prêtre d’attendre pour dire la messe, les enfants bien habillés et tout joyeux, se trouvaient près du perron, devant la voiture, attendant leur mère.

Au lieu de Corbeau qui ruait sans cesse on avait