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gouttes. Attends-moi, je reviens dans un instant. Alors tu as bien passé ta journée ? Tant mieux ! tant mieux ! Et Lévine partit s’habiller.

Cinq minutes après les deux frères se retrouvèrent dans la salle à manger. Lévine croyait n’avoir pas faim, cependant il s’assit devant la table qu’avait préparée Kouzma et quand il eut commencé à manger, le dîner lui parut excellent.

Serge Ivanovitch le regardait en souriant.

— Ah ! oui ! Il y a une lettre pour toi, dit-il. Kouzma ! monte donc la lettre ; mais n’oublie pas de fermer la porte.

La lettre était d’Oblonskï et venait de Pétersbourg. Lévine la lut à haute voix. « J’ai reçu une lettre de Dolly, écrivait-il. Elle est à Ergouchovo où elle ne parvient pas à s’installer. Va donc la voir, je te prie, et aide-la de tes conseils, toi qui connais tout. Elle est si malheureuse toute seule. Ma belle-mère et sa famille sont encore à l’étranger. »

— C’est bon ; j’irai la voir, dit Lévine. Si nous y allions ensemble ? Elle est si gentille, n’est-ce pas ?

— Est-ce loin d’ici ?

— Une trentaine de verstes, peut-être quarante. Mais la route est superbe. Cela nous fera une charmante promenade.

— Volontiers, dit Serge Ivanovitch toujours souriant.

La vue de son frère cadet le rendait joyeux.

— Eh bien ! Tu en as un appétit ! dit-il en regar-