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V

Après le déjeuner, Lévine se remit au travail, mais il n’avait plus la même place ; il se trouvait maintenant entre le vieillard moqueur qui l’avait prié d’être son voisin et un jeune paysan, marié depuis l’automne dernier, et qui fauchait cet été pour la première fois,

Le vieux se tenait droit, s’avançait en déplaçant ses longues jambes d’un mouvement sûr, régulier, qui pour lui semblait aussi naturel que le balancement des bras pendant la marche, et, comme en se jouant, il abattait de larges fauchées. On eût dit que la faux s’avançait d’elle-même dans l’herbe grasse.

Derrière Lévine suivait le jeune Michel ; son visage était jeune et sympathique ; des herbes enroulées retenaient ses cheveux autour de la tête. Il avait l’air de travailler péniblement, mais