Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XVIII

Après sa conversation avec Alexis Alexandrovitch, Vronskï sortit de la maison des Karénine et s’arrêta sur le perron, ne sachant plus où il était, ni s’il devait s’en aller en voiture ou à pied. Il se sentait honteux, humilié, coupable et privé de la possibilité de laver son humiliation. Il se sentait rejeté hors de ce sentier où jusqu’alors il avait marché avec tant d’assurance et de fierté. Toutes les habitudes, toutes les conditions de sa vie, qui jusqu’alors lui avaient semblé inattaquables, lui apparaissaient subitement fausses et mensongères. Le mari trompé, qu’il s’était habitué à regarder comme un être misérable, un obstacle, accidentel et quelque peu ridicule, à son bonheur, se trouvait tout à coup élevé par elle-même, à une hauteur qui inspirait le respect, et ce mari placé si haut ne s’était point montré méchant, faux ou ridicule,