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vous tends l’autre joue, je suis prêt à donner ma chemise à qui me prend mon habit. Je prie seulement Dieu qu’il ne me retire pas le bonheur du pardon.

Des larmes emplissaient ses yeux ; son regard pur et calme frappa Vronskï.

— Voilà ma situation. Vous pouvez me traîner dans la boue, me rendre la risée de tout le monde, je ne l’abandonnerai pas et je ne vous adresserai jamais un mot de reproche, continua Alexis Alexandrovitch. Mon devoir m’est clairement tracé : Je dois rester avec elle et j’y resterai. Si elle désire vous voir, je vous préviendrai. Mais, pour l’instant, je crois qu’il vaut mieux vous éloigner.

Il se leva ; des sanglots étouffaient sa voix.

Vronskï se leva aussi, courbé en deux, et, sans se redresser, il le regarda. Il ne comprenait pas les sentiments d’Alexis Alexandrovitch, mais il sentait en eux quelque chose de supérieur et d’inaccessible pour lui.