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— Que veux-tu dire ? Comment ? Tu faucheras avec les paysans, toute la journée.

— Oui, c’est très agréable, dit Lévine.

— C’est excellent comme exercice physique. Seulement tu ne pourras pas y résister, dit sans aucune raillerie Serge Ivanovitch.

— J’ai déjà essayé. Au commencement c’est assez dur, puis l’on s’entraîne. Je pense que je ne resterai pas en arrière des paysans.

— Vraiment ! Mais, dis-moi, de quel œil les paysans voient-ils cela ? Ils doivent probablement se moquer entre eux des manies de leur maître.

— Je ne crois pas. Mais c’est un travail à la fois si amusant et si absorbant qu’on n’a pas le temps de penser.

— Mais, comment feras-tu ? Dîneras-tu avec eux ? Ce n’est pas très commode de t’envoyer du Château-Lafitte et une dinde rôtie.

— C’est inutile, pendant qu’ils se reposeront, je viendrai manger à la maison.

Le lendemain Constantin Lévine se leva plus tôt qu’à l’ordinaire, mais il perdit du temps à donner des ordres, et quand il arriva à la prairie les faucheurs en étaient déjà au second rang.

Lévine voyait la partie de la prairie déjà fauchée avec les rangées grises de foin et les tas noirs des cafetans laissés par les faucheurs à l’endroit où ils avaient commencé le premier rang.

À mesure qu’il s’avançait, il les distinguait plus