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arguments, continua-t-il s’adressant à Alexis Alexandrovitch. Par mes études, je suis un classique, mais dans cette discussion, personnellement je ne saurais me prononcer nettement. Je ne vois pas très bien pourquoi l’on donne la préférence aux études classiques plutôt qu’aux modernes.

— Les sciences naturelles ont la même action instructive et pédagogique, dit Pestzov. Prenez l’astronomie, prenez la botanique, prenez la zoologie avec son système de lois générales…

— Je ne saurais être tout à fait de cet avis, objecta Alexis Alexandrovitch. Il me semble qu’on ne peut nier l’influence particulièrement heureuse de la méthode même de l’étude des langues sur le développement moral. Il n’est pas niable non plus que l’influence des écrivains classiques soit moralisatrice au premier chef, tandis que, par malheur, on joint à l’enseignement des sciences naturelles des doctrines nuisibles et fausses qui sont le fléau de notre époque.

Serge Ivanovitch voulut intervenir, mais Pestzov, avec sa puissante voix, le devança. Il se mit à prouver avec chaleur l’injustice de cette opinion. Serge Ivanovitch l’écoutait tranquillement, évidemment prêt à une objection victorieuse.

— Mais, fit-il en souriant finement et s’adressant à Karénine, on ne peut nier qu’il soit difficile de balancer exactement les avantages et les désavantages de l’un et de l’autre enseignement ; quant à la ques-