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gent et sans couteaux, différents caviars et harengs, des conserves de toutes sortes et des plats de petites tartines de pain français.

Les hommes se tenaient devant l’eau-de-vie et les hors-d’œuvre et la conversation sur la russification de la Pologne entre Serge Ivanovitch Koznichev, Karénine et Pestzov, s’éteignait dans l’attente du dîner.

Serge Ivanovitch, qui savait mieux que personne mettre fin à la discussion la plus abstraite et la plus sérieuse par une fine plaisanterie, modifiant ainsi infailliblement l’impression des interlocuteurs, eut alors recours à ce moyen.

Alexis Alexandrovitch tâchait de prouver que la russification de la Pologne n’est possible à réaliser qu’au moyen de l’introduction des principes supérieurs par l’administration russe. Pestzov soutenait qu’un peuple ne peut en absorber un autre que s’il est plus nombreux, que si sa population est plus dense.

Koznichev, avec certaines restrictions, acceptait les deux avis ; et au moment où l’on sortit du salon, pour mettre un terme à la discussion, il dit en souriant :

— Aussi, pour russifier les populations étrangères, n’y a-t-il qu’un seul moyen, faire le plus d’enfants possible. Voilà mon opinion. Sous ce rapport, mon frère et moi nous agissons fort mal. Quant à vous, messieurs, vous surtout, Stépan