Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que pour une minute, répondit Stépan Arkadiévitch.

Il ouvrit d’abord son pardessus, puis l’ôta ; bref, il resta une heure entière à causer avec Lévine de la chasse et de choses plus intimes.

— Eh bien ! raconte-moi donc ce que tu as fait à l’étranger ? Où étais-tu ? demanda Stépan Arkadiévitch, quand le paysan fut parti.

— Je suis allé en Allemagne, en Prusse, en France, en Angleterre, mais pas dans les capitales, seulement dans les villes industrielles ; j’ai vu là beaucoup de choses nouvelles et je suis très content de mon voyage.

— Oui, je connais tes idées ; tu veux venir en aide aux ouvriers.

— Pas du tout. La question ouvrière ne peut exister en Russie. Chez nous tout le problème se réduit aux rapports des travailleurs avec la terre. Cette question existe aussi là-bas, mais il serait nécessaire de remédier à bien des choses qui sont gâtées, tandis que chez nous…

Stépan Arkadiévitch écoutait attentivement Lévine.

— Oui, oui, dit-il. Tu as peut-être raison. Mais moi je suis content que tu sois revenu en meilleures dispositions… Chasse l’ours, travaille, intéresse-toi à quelque chose… Stcherbatzkï m’avait dit qu’il t’avait rencontré tout triste, ne parlant que de la mort…