Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seulement la joie d’un homme à qui échoit une bonne aubaine : mais celle du triomphe, de l’enthousiasme ; l’éclat de son regard ressemblait à celui qu’il avait vu dans les yeux de sa femme.

— Vous désirez mon concours pour obtenir le divorce ?

— Précisément. Mais je dois vous prévenir que je vais peut-être abuser de votre attention : je ne suis venu que pour prendre une consultation préalable. Je désire le divorce, mais avant tout il m’est très important de savoir sous quelles formes il est possible. Il se peut que ces formes ne concordent pas avec mes idées, auquel cas je renoncerais à la voie légale.

— Soyez sans inquiétude, il en est toujours ainsi, et vous conserverez votre entière liberté, dit l’avocat en baissant les yeux dans la direction des pieds d’Alexis Alexandrovitch ; il sentait que l’expression de sa joie intempestive pouvait blesser son client. Il regarda une teigne qui voletait devant son nez et voulut faire un mouvement pour l’attraper ; mais il se retint par respect pour la situation d’Alexis Alexandrovitch.

— Bien que je connaisse dans leurs grandes lignes nos lois qui ont trait au divorce, je désirerais être renseigné sur les formes auxquelles il est généralement soumis dans la pratique.

— Vous désirez, reprit l’avocat sans lever les yeux et rentrant, non sans plaisir, dans le ton du