Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Il était déjà vieux, dit-il, et, changeant de conversation, il reprit : — Eh bien ! je vais passer un mois ou deux avec toi, j’irai ensuite à Moscou, où Miagkov m’a promis une place, et j’entrerai en fonctions. Je veux désormais arranger ma vie tout autrement, continua-t-il. — À propos, tu sais, j’ai chassé cette femme…

— Maria Nikolaïevna ? Comment ? Pourquoi ?

— C’était vraiment une mauvaise femme ! Elle m’a causé beaucoup d’ennuis.

Il n’en dit pas davantage. Il ne pouvait dire d’ailleurs que s’il avait chassé Maria Nikolaïevna, c’était uniquement parce qu’elle lui servait du thé trop faible, et, parce qu’elle le traitait trop en malade.

— En somme j’ai l’intention de transformer complètement mon genre de vie. J’ai fait des sottises, j’en conviens ; mais qui n’en fait pas ? En réalité, la fortune est peu de chose ; aussi, je ne la regrette pas. Le principal est d’avoir la santé, et, Dieu merci, la mienne s’améliore sensiblement. Lévine écoutait son frère mais ne trouvait rien à lui répondre. Cette attitude n’échappa point à Nicolas qui se mit à l’interroger sur ses propres affaires ; ce fut avec joie que Lévine saisit cette occasion de parler de lui-même ; délivré de toute contrainte, il exposa à son frère ses projets et la façon dont il comptait les réaliser.

Celui-ci l’écoutait distraitement.