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ses lèvres la sécheresse de sa peau et vit de tout près l’éclat étrange de ses grands yeux.

Quelques semaines auparavant, Constantin Lévine avait écrit à son frère pour l’informer qu’après la vente de la petite portion de terre restée indivise entre eux, il aurait à lui remettre sa part, soit à peu près deux mille roubles.

Nicolas venait précisément pour toucher cet argent ; il désirait surtout revoir le berceau de ses jeunes années et fouler le sol natal, afin d’y puiser, comme le héros de l’antiquité, des forces pour l’activité future. Bien qu’il fût très voûté et d’une excessive maigreur qu’accentuait encore sa haute taille, ses mouvements avaient conservé leur vivacité et leur élégance,

Lévine le conduisit dans son cabinet de travail. Contrairement à ses habitudes antérieures Nicolas mit à sa toilette un soin minutieux, il peigna sa rude chevelure, et tout souriant monta dans les chambres. Il était de cette humeur joyeuse et tendre, que son frère avait souvent remarquée chez lui dans son enfance. Il allait même jusqu’à parler sans colère de Serge Ivanovitch. Il plaisanta avec Agafia Mikhaïlovna, et lui demanda des nouvelles des vieux domestiques.

La nouvelle de la mort de Parfène Denisitch sembla l’impressionner désagréablement : son visage exprima un sentiment d’effroi ; mais il se ressaisit aussitôt.