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coucher, il entra dans le cabinet du maître de la maison afin d’y prendre les livres sur la question ouvrière que celui-ci lui avait proposés.

Le cabinet de Sviajskï était une vaste pièce dont les murs étaient garnis de bibliothèques et où se trouvaient deux tables. Un pesant bureau occupait le milieu de la pièce, plus loin était une table ronde au centre de laquelle était posée une lampe ; quelques numéros de revues et de journaux en diverses langues étaient disposés en étoile autour de la lampe. Près du bureau il y avait un cartonnier avec des casiers marqués par des plaques dorées.

Sviajskï donna à Lévine les livres qu’il lui avait promis, puis s’asseyant sur un rocking-chair :

— Que regardez-vous ? demanda-t-il à son ami qui, debout devant la table ronde, parcourait les revues. Ah tenez ! il y a là un article très intéressant, poursuivit-il en désignant la revue que Lévine tenait entre les mains. Cet article tend à prouver, ajouta-t-il avec une joyeuse animation, que le démembrement de la Pologne n’est nullement dû à Frédéric. Il résulte…

Et avec la clarté qui lui était coutumière il analysa brièvement une nouvelle étude très importante et très curieuse.

Bien que Lévine fût pour le moment beaucoup plus préoccupé de l’idée de l’exploitation que de toute autre chose, il ne put se défendre en écoutant le maître de la maison de se poser cette question :