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— Pourquoi, dit Lévine, tâchant de revenir à la question, pourquoi pensez-vous qu’on ne puisse trouver un modus vivendi, tel que le travail de la force ouvrière devienne productif ?

— Impossible avec le peuple russe ; nous manquons de l’autorité nécessaire, répondit le propriétaire.

— Mais comment trouver de nouvelles conditions ? demanda Sviajskï, qui, ayant mis à profit le temps des dernières reparties pour manger du lait caillé et allumer une cigarette, revenait prendre part à la discussion. Tous les rapports possibles envers la force ouvrière sont nettement définis et étudiés, dit-il. Les derniers vestiges de la barbarie s’en vont, la commune primitive se disloque d’elle-même, le servage disparaît. Il ne reste plus aujourd’hui que le travail libre dont les formes sont définitivement établies et mises au point ; à nous de les accepter : l’ouvrier à long terme, le journalier et le fermier. Il n’y a pas à sortir de ce cercle.

— Cependant l’Europe n’est pas satisfaite de ces formes.

— Soit, mais elle en cherche de nouvelles, que sûrement elle trouvera.

— C’est aussi ma conviction, reprit Lévine ; mais pourquoi ne cherchons-nous pas de notre côté ?

— Autant vaudrait chercher un nouveau procédé pour construire des chemins de fer. Ces procédés sont déjà inventés.