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un vieillard aux yeux boursouflés qui portait une ruche d’abeilles.

— Eh bien ! Fomitch, tu as attrapé ces abeilles ? lui demanda-t-il.

— Comment, attrapé. Constantin Dmitritch ! Je serais fort heureux si seulement je gardais les miennes. Voilà le deuxième essaim qui s’enfuit. Grâce à Dieu, les gars, à cheval, l’ont atteint, ceux qui labourent chez vous… Ils ont dételé leurs chevaux les ont enfourchés, et ont rattrapé l’essaim…

— Voyons, Fomitch ! quel est ton avis, faut-il faucher ou attendre ?

— Bah ! Selon moi, il faut attendre jusqu’à la Saint-Pierre, mais vous fauchez toujours avant. Allez ! avec l’aide de Dieu, le foin ne manquera pas ; les bêtes auront de quoi manger.

— Et le temps ? qu’en penses-tu ?

— Cela dépend de Dieu. Nous aurons peut-être du beau temps.

Lévine revint près de son frère. Le poisson ne mordait pas, mais Serge Ivanovitch, loin d’en être attristé, paraissait d’excellente humeur. Lévine savait qu’excité par la conversation qu’il avait eue avec le médecin, Serge désirait causer, mais lui, au contraire, avait hâte de retourner au plus vite à la maison afin de donner l’ordre de convoquer les faucheurs pour le lendemain et de résoudre ses doutes sur le fauchage, objet de sa plus grande préoccupation.