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en grand à la culture de la pomme de terre : celles-ci chez lui étaient déjà très avancées tandis que chez Lévine, elles commençaient seulement à fleurir. Il ensemençait du seigle et le sarclait, ce que Lévine n’avait jamais pu obtenir. Combien de fois en effet, en voyant se perdre ce magnifique aliment n’avait-il pas voulu le recueillir, mais sans jamais y parvenir ; chez ce paysan au contraire, tout se faisait comme il faut, et il ne pouvait assez vanter cette nourriture.

— Les femmes n’ont rien à faire, disait-il. Elles portent ces petits tas sur le chemin et les chariots les ramassent en passant.

— Voyez-vous, avec nous, les propriétaires, les ouvriers travaillent mal, dit Lévine en lui passant un verre de thé.

— Merci, dit le vieux en prenant le verre, mais refusant du sucre dont il lui restait un petit morceau déjà rongé. — Oui, les ouvriers travaillent mal. C’est la ruine ; voyez M. Sviajskï, par exemple, nous connaissons sa terre, elle est excellente ; eh bien ! cependant, il n’est pas très content de la récolte. Cela tient au manque de surveillance.

— Mais, toi, pourtant, tu travailles avec les ouvriers ?

— D’accord, mais notre travail est vraiment une besogne de paysans. Nous avons l’œil partout et si les ouvriers sont mauvais, nous nous arrangeons entre nous.