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tir que cette phrase : « Faites ce que vous voudrez ! » Trois des plus belles vaches périrent empoisonnées parce que, négligeant de leur donner à boire, on les avait laissées dans le champ de trèfle ; néanmoins personne parmi les paysans ne voulait croire que c’était le trèfle qui était la cause de leur mort, et, pour toute consolation, on se contenta de raconter à Lévine qu’un de ses voisins, en trois jours, avait perdu cent douze têtes de bétail. On ne pouvait cependant considérer tout cela comme la manifestation d’une rancune envers les biens ou envers la personne de Lévine, pour lequel, celui-ci ne l’ignorait pas, ils éprouvaient de l’amitié et qu’ils regardaient comme un monsieur simple (ce qui de leur part constituait la plus grande louange) ; il ne fallait y voir que le résultat d’une légèreté et d’une insouciance invincibles ; en outre, les intérêts de Lévine complètement étrangers et incompréhensibles pour ces gens se trouvaient être totalement opposés aux leurs, qu’ils trouvaient infiniment plus naturels. Depuis déjà longtemps Lévine était mécontent de son exploitation, sa barque faisait eau sans qu’il put savoir d’où, peut-être aussi cherchait-il à se leurrer lui-même. Mais maintenant il ne pouvait plus se tromper. Non seulement il ne s’intéressait plus à l’exploitation agricole mais il éprouvait pour elle de l’aversion, même du dégoût.

À cela se joignait encore la présence, à trente verstes de chez lui, de Kitty Stcherbatzkï que, malgré