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donc eu connaissance de ton refus… Certes, je suis loin de te désapprouver, mais il est des façons d’agir, et si je juge ton acte bon au fond, j’en condamne d’autre part la mauvaise exécution.

— Ce qui est fait est fait. Vois-tu ? Je n’ai pas coutume de regretter mes actes. Et, somme toute, je m’en trouve très bien.

— Pour l’instant, je n’en doute pas ; mais tout a une fin. Je ne parle pas de ton frère… C’est un bon enfant, comme notre hôte, du reste. L’entends-tu ? ajouta-t-il ; on percevait à ce moment de joyeux hourras ! Il est gai. Il s’amuse, mais il te faut autre chose à toi.

— Je ne dis pas le contraire.

— En outre, des hommes comme toi sont nécessaires…

— À qui ?

— Tu le demandes ? Mais à la société, à la Russie. La Russie a besoin d’hommes, il lui faut un parti, autrement tout ira de mal en pire.

— Que veux-tu dire ? Le parti de Barténiev contre les communistes russes ?

— Non, dit Serpoukhovskoï avec une grimace de dépit à l’idée qu’on pût le soupçonner d’une bêtise pareille. Tout cela, c’est une blague. Cela a toujours été et sera toujours ainsi. Au fond il n’y a pas de communistes, mais bien des hommes qui ont besoin d’inventer des intrigues et d’imaginer un parti dangereux. C’est vieux jeu. Non, à l’heure