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vint sur le perron, une coupe à la main, et porta ce toast :

— À la santé de notre ancien camarade, le valeureux général, prince Serpoukhovskoï. Hourra !

Serpoukhovskoï, tenant également une coupe, s’avança derrière le colonel.

— Tu rajeunis tous les jours, Bondarenko, dit-il, s’adressant à un soldat qui, le teint coloré, se trouvait devant lui.

Vronskï n’avait pas vu Serpoukhovskoï depuis trois ans. Son allure lui sembla plus martiale, sans doute à cause de ses favoris qu’il avait laissé pousser, toutefois il était toujours aussi élégant ; au reste, c’était moins sa beauté que la douceur et la noblesse de son visage ou la majesté de sa stature que l’on admirait en lui.

Une seule transformation frappa Vronskï, c’était l’apparition de ce sourire plein de douceur qui se fixe invariablement sur le visage de tout homme que le succès favorise et qui devient un objet d’admiration pour tout le monde. Vronskï avait déjà eu l’occasion de constater sur d’autres visages cette expression qu’il remarquait ce jour-là sur celui de Serpoukhovskoï.

Comme il descendait le perron, Serpoukhovskoï aperçut Vronskï. Un sourire joyeux éclaira son visage. Il fit un signe de tête à son ami, leva sa coupe en lui envoyant un salut, voulant par là lui faire comprendre qu’il devait d’abord s’approcher