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XX

Vronskï avait organisé son existence de la façon la plus heureuse : il s’était composé, pour son usage personnel, un code de lois qui définissait nettement ce qu’il fallait faire et ne pas faire. À vrai dire, ce code n’embrassait qu’un cercle peu étendu, mais en revanche ses lois étaient si explicitement définies, que sans jamais s’en écarter il n’avait, en quelque circonstance que ce fût, aucune hésitation. Ce code lui prescrivait en effet : qu’on doit acquitter une dette contractée envers un joueur indélicat, mais qu’il n’est pas nécessaire de solder la note de son tailleur ; que le mensonge défendu envers les hommes est permis au contraire envers les femmes ; qu’on ne doit tromper personne hormis un mari ; qu’une offense ne se pardonne pas, mais que l’insulte est permise, etc. Toutes ces lois n’étaient peut-être pas conformes à la raison ni à la morale, elles étaient néanmoins fermement établies et, en