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tère, s’en rendit compte et voulut prendre l’affaire en main ; mais il ne se sentait pas alors assez solide au ministère, il savait que trop d’intérêts étaient en jeu dans cette affaire et qu’il était imprudent de s’y aventurer. De plus, d’autres affaires sollicitaient ses soins et il négligea celle-ci, en sorte que tout alla comme par le passé en raison de la force de l’inertie. (Beaucoup de gens continuaient à en vivre et notamment une famille fort honorable et très musicienne, dont chacune des filles jouait d’un instrument à cordes. Alexis Alexandrovitch connaissait bien cette famille, il avait même servi de témoin au mariage de l’une des aînées.) La reprise de cette affaire par un ministère hostile était malhonnête, selon l’opinion d’Alexis Alexandrovitch, parce qu’en chaque ministère il y avait des scandales bien plus criants, que personne, en raison de certaines convenances de service, n’osait soulever. Maintenant qu’on lui jetait ce gant, il le relevait hardiment et exigeait la nomination d’une commission spéciale chargée d’étudier et de contrôler les travaux de la commission d’épandage des champs de la province de Zaraïsk, mais en revanche lui-même se montrait très sévère pour ces messieurs. Il exigeait en outre la nomination d’une commission spéciale pour la question des populations allogènes. Cette dernière question avait été soulevée incidemment dans la séance du 2 juin, et chaudement défendue par Alexis Alexandrovitch,