Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/491

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! mademoiselle Varenka est vraiment un ange ! dit madame Berthe.

Dans la galerie, ils rencontrèrent aussi Varenka. Elle marchait très vite, de leur côté, et portait un élégant sac rouge.

— Papa est arrivé, lui dit Kitty.

Varenka fit — simplement et naturellement comme tout ce qu’elle faisait — un mouvement intermédiaire entre le salut et la révérence et aussitôt se mit à causer avec le prince, comme elle causait avec tous, sans gêne et très simplement.

— Naturellement, je vous connais beaucoup, lui dit le prince avec un sourire par lequel Kitty vit qu’elle plaisait à son père. Où allez-vous si vite ?

— Maman est ici, dit-elle, s’adressant à Kitty. Elle n’a pas dormi de la nuit et le docteur lui a conseillé de sortir. Je lui apporte son ouvrage.

— Alors c’est l’ange numéro 1, dit le prince quand Varenka se fut éloignée.

Kitty vit qu’il voulait railler Varenka, mais ne le pouvait faire parce que Varenka lui plaisait.

— Eh bien, c’est cela, nous verrons tous tes amis, ajouta-t-il, et madame Stahl, si elle daigne me reconnaître.

— Est-ce que tu l’as connue, papa ? demanda Kitty inquiète en remarquant l’éclat moqueur qui s’allumait à son nom dans les yeux du prince.

— J’ai connu son mari, elle aussi, un peu, quand elle n’était pas encore piétiste.