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Comme de coutume, Stépan Arkadiévitch passa rapidement à sa place, serra la main de ses subalternes et s’assit. Il plaisanta et parla dans la mesure des convenances, puis commença son travail. Personne mieux que lui ne savait observer la limite des convenances et se montrer libre et simple tout en restant correct ainsi qu’il convient pour rendre le service agréable. Le secrétaire, gaiment et respectueusement, suivant la coutume observée par tous ceux qui abordaient Stépan Arkadiévitch, s’approcha, tenant des papiers, et, du ton familier et libéral, dont le chef lui-même donnait l’exemple, dit :

— Nous avons enfin obtenu des renseignements de la Chambre de la province de Penza. Veuillez, s’il vous plaît, en prendre connaissance.

— Ah, les voici, enfin !… dit Stépan Arkadiévitch en posant les papiers sous sa main. Eh bien, alors, messieurs… Et la séance commença.

« S’ils savaient ! — pensait-il en inclinante la tête avec importance pendant la lecture de ce rapport — s’ils savaient que leur chef, il y a à peine une demi-heure, avait l’attitude d’un enfant coupable ! » Et ses yeux riaient à la lecture du rapport. Jusqu’à deux heures il devait travailler sans interruption, puis, à deux heures, il y avait une pause pour le déjeuner.

Il n’était pas encore deux heures quand la grande porte vitrée de la salle s’ouvrit brusquement ; quel-