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à personne aussi bien qu’à Sludine le docteur n’aurait dit son opinion sincère sur le malade.

— Comme je suis heureux que vous l’ayez vu ! dit Sludine, il n’est pas bien, il me semble… Eh bien ! qu’en pensez-vous ?

— Voilà ! dit le docteur en faisant au-dessus de la tête de Sludine un geste à son cocher pour le faire avancer. Voilà, répéta le docteur et il prit de sa main blanche un doigt de son gant de peau et le tendit : ne tendez pas trop la corde et tâchez de la déchirer, ce sera difficile, mais tendez-la jusqu’à la dernière limite et appuyez le doigt dessus, alors elle se rompt sans effort. Or lui par son zèle, sa conscience dans le travail, est tendu jusqu’à l’extrême limite et la pression est très lourde, conclut le docteur en soulevant ses sourcils. Vous irez aux courses ? ajouta-t-il, en descendant vers sa voiture. Oui, oui, sans doute cela prend beaucoup de temps, dit le docteur répondant à ce que lui disait Sludine et qu’il n’avait pas bien entendu.

Après le docteur dont la visite avait été si longue, ce fut le tour du célèbre voyageur. Alexis Alexandrovitch, profitant de la brochure qu’il venait de lire et de ce qu’il savait auparavant sur ce sujet, étonna l’explorateur par la connaissance parfaite du sujet et l’ampleur de son opinion éclairée.

Avec le voyageur on annonçait le maréchal de la noblesse d’une province quelconque, venu à Peters-