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V

— C’est un peu scabreux mais si charmant que j’ai un désir fou de vous le raconter, dit Vronskï en la regardant avec des yeux souriants. Je ne vous dirai pas les noms.

— Je les devinerai, ce sera mieux.

— Écoutez donc. Deux jeunes gens gais sont en voiture…

— Des officiers de votre régiment, sans doute ?

— Je n’ai pas dit des officiers, mais tout simplement des jeunes gens qui ont bien déjeuné.

— Traduisez qui ont bien bu.

— Peut-être. Ils vont dîner chez un camarade, dans la disposition d’esprit la plus gaie. Ils aperçoivent une jolie femme qui les dépasse en voiture, et il leur semble qu’elle leur fait un signe de la tête et sourit ; naturellement ils la suivent. Ils vont à toute bride. À leur grand étonnement la belle s’arrête devant le perron de cette même mai-