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trement de sa situation, Petritzkï, se mit à lui raconter toutes les nouvelles intéressantes. Les récits de Petritzkï, cet appartement qu’il connaissait si bien, depuis trois ans qu’il l’habitait, charmaient Vronskï, et il se sentait peu à peu repris par la vie habituelle et insouciante de Pétersbourg.

— Pas possible ! s’écria-t-il en baissant la pédale de son lavabo d’où il laissait couler l’eau sur son large cou rouge. Pas possible ! répéta-t-il, Laure a quitté Fertinov et s’est collée à Miléiev. Et Fertinov est-il toujours aussi bête et aussi content de lui ? Et Bousouloukov, comment va-t-il ?

— Ah ! Bousouloukov ! c’est toute une histoire, s’écria Petritzkï. Il a une passion pour le bal et il n’en manque pas un à la cour. Dernièrement il est allé à un grand bal avec le nouveau casque. As-tu vu les nouveaux casques ? Très bien, très léger. Il se tenait debout… Non, mais écoute donc.

— Mais j’écoute, répondit Vronskï en s’essuyant avec sa serviette-éponge.

— Passe une grande-duchesse avec un ambassadeur quelconque et, pour son malheur, ils causaient du nouveau casque. On le regarde, notre ami se tient droit. (Et Petritzkï prit la position de Bousouloukov, debout, tenant son casque) ; la grande-duchesse le prie alors de la laisser examiner le casque. Il ne bouge pas. Qu’est-ce que cela signifie ? On lui fait des signes ; il hoche la tête, fronce les sourcils. Donne donc ! Il n’en fait rien.