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— Oui, après le dîner, le mérite n’est pas grand ! Eh bien ! allez, je vais préparer le café. Allez faire votre toilette, dit la baronne, en se rasseyant et tournant le petit robinet de la cafetière neuve. — Pierre, donnez-moi du café ! dit-elle, s’adressant à Petritzkï, qu’elle appelait Pierre, à cause de son nom de famille, sans chercher à dissimuler ses relations avec lui. J’en rajouterai.

— Vous le gâterez.

— Non ! non ! Eh bien ! et votre femme ? dit tout à coup la baronne en interrompant la conversation de Vronskï avec son camarade. Ici nous vous avons marié ; l’avez-vous amenée votre femme ?

— Non, baronne, je suis né bohème et je mourrai bohème.

— Tant mieux, tant mieux ! Donnez-moi votre main.

Et la baronne, sans lâcher Vronskï, se mit à lui raconter, en y intercalant des plaisanteries, ses derniers projets, lui demandant conseil.

— Il se refuse toujours au divorce. Eh bien ! Que dois-je faire ? (Il c’était son mari). Je vais engager un procès. Que me conseillez-vous ? Kamerovskï ! Veillez au café ! il déborde, vous voyez, je suis occupée… Je veux faire un procès pour avoir ma fortune. Comprenez-vous cette bêtise, parce que soi-disant, je le trompe — fit-elle avec mépris, — il veut s’approprier mes biens !

Vronskï écoutait avec plaisir le gai bavardage de