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XXX

Un vent violent soufflait en bourdonnant entre les roues des wagons, les poteaux, et autour de la station. Les wagons, les poteaux, les gens, tout ce qu’on voyait était couvert d’un côté par la neige qui s’y déposait en couche de plus en plus épaisse. Le vent se calma un instant mais il reprit bientôt avec une violence telle qu’il semblait que rien ne pourrait lui résister. Pendant ce temps des gens couraient en s’interpellant gaiement, glissant sur les planches du quai, et ne cessant d’ouvrir et de fermer les larges portes de la gare.

L’ombre d’un homme courbé passa ; on entendait le son du marteau sur le fer. « Donne la dépêche ! » cria de l’autre côté, dans l’obscurité, une voix irritée. « Venez par ici, no 28 ! » criaient encore d’autres voix, et des gens, enveloppés, couverts de neige, couraient en avant. Deux messieurs quelconques, passèrent la cigarette aux lèvres. Elle