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« Il veut essayer », pensa Matthieu ; et il répondit simplement : — Oui, monsieur.

Stépan Arkadiévitch était déjà lavé, peigné et se préparait à s’habiller, quand Matthieu, chaussé de bottes grinçantes, rentra dans la chambre à pas lents, le télégramme à la main. Le barbier était parti.

— Daria Alexandrovna m’a donné l’ordre de vous dire qu’elle part et que vous agissiez comme il vous plaira, dit Matthieu, les yeux riants, en mettant les mains dans ses poches, la tête penchée de côté et le regard fixé sur son maître.

Stépan Arkadiévitch se tut ; puis un sourire lent et quelque peu triste parut sur son joli visage.

— Ah ! Matthieu ! fit-il en hochant la tête.

— Ce n’est rien, monsieur, tout s’arrangera.

— Que dis-tu ?

— Parfaitement.

— Tu crois ? Qui donc est là ? demanda Stépan Arkadiévitch en entendant derrière la porte le froissement d’une robe de femme.

— C’est moi ! répondit une voix féminine, ferme et agréable.

Et dans l’ouverture de la porte parut le visage sévère et grêlé de Matriona Philémonovna, la vieille bonne.

— Eh bien, qu’y a-t-il, Matriocha ? demanda Stépan Arkadiévitch en allant vers la porte.

Bien qu’il fût absolument coupable envers sa