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XXVII

La maison était vieille, spacieuse, et, bien qu’y vivant seul, Lévine la chauffait et l’occupait en entier. Il savait que c’était absurde, que ce n’était pas bien et même que c’était contraire à ses nouveaux projets, mais cette maison était pour lui tout un monde. C’était là qu’avaient vécu et étaient morts son père et sa mère ; leur vie était pour Lévine l’idéal de toute perfection et il avait rêvé de la revivre avec sa femme et ses enfants.

Lévine se rappelait à peine sa mère, mais le souvenir qu’il en avait était pour lui sacré. Dans son imagination, sa future femme devait ressembler à cet idéal féminin qu’était sa mère. Non seulement il ne pouvait s’imaginer l’amour sans le mariage, mais il se représentait d’abord la famille, et ensuite la femme qui lui donnerait cette famille. En cela, ses conceptions sur le mariage différaient complètement de celles de la plupart de ses amis qui con-