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laievna en tendant son gros bras nu vers le carafon d’eau-de-vie.

— Laisse ! Ne t’en mêle pas, ou je te battrai ! cria-t-il.

Maria Nikolaievna eut un bon sourire plein de douceur qui se communiqua à Nicolas, et elle retira l’eau-de-vie.

— Mais tu crois qu’elle ne comprend rien ? dit Nicolas. — Elle comprend tout cela mieux que nous. N’est-ce pas qu’il y a en elle quelque chose de bon, de touchant.

— Vous n’avez jamais été à Moscou auparavant ? lui demanda Constantin pour dire quelque chose.

— Mais ne lui dis pas vous, ça lui fait peur. Personne, à part le juge de paix qui l’a jugée lorsqu’elle voulait partir de la maison de tolérance, ne lui a dit vous. Mon Dieu que d’insanités en ce monde, fit-il tout à coup. — Ces nouveaux tribunaux, ces juges de paix, ces zemstvos, quelle monstruosité !

Et il se mit à déblatérer contre les nouvelles institutions.

Constantin Lévine l’écoutait et la critique de ces absurdités inhérentes aux institutions sociales, lui était désagréable maintenant dans la bouche de son frère, bien que lui-même partageât son avis.

— Dans l’autre monde nous comprendrons tout cela, fit-il en plaisantant.

— Dans l’autre monde ! Ah ! je n’aime pas l’autre