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comme c’était autrefois ; alors je viendrai chez toi, si ta femme est bonne…

— Mais viens donc chez moi, maintenant, dit Lévine. Comme nous pourrions bien nous arranger !

— Je viendrais volontiers, si je savais n’y pas rencontrer Serge Ivanovitch.

— Tu ne le rencontreras pas, je vis tout à fait en dehors de lui.

— Oui, mais tu auras beau dire, il te faut choisir entre nous deux, — dit-il en regardant timidement dans les yeux de son frère.

Cette timidité toucha Constantin.

— Si tu veux connaître, sous ce rapport, le fond de ma pensée, je dois te dire que dans ta querelle avec Serge Ivanovitch, je ne prends parti ni pour l’un ni pour l’autre. Vous avez des torts tous les deux. Toi, tu as tort du point de vue de la forme et lui au fond.

— Ah ! ah ! Tu l’as compris ! Tu l’as compris ! s’écria joyeusement Nicolas.

— Mais moi, personnellement, si tu désires être renseigné… je tiens davantage à ton amitié…

— Pourquoi ? Pourquoi ?

Constantin ne pouvait dire qu’il tenait davantage à lui parce qu’il était malheureux et qu’il avait besoin d’affection, mais Nicolas comprit sa pensée et, en fronçant les sourcils, il reprit de l’eau-devie.

— Assez, Nicolas Dmitritch, dit Maria Niko-