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— « Plus tard, je verrai ! » se dit Stépan Arkadiévitch ; et, se levant, il endossa une robe de chambre grise doublée de soie bleu clair, noua la ceinture, et faisant provision d’air dans sa large poitrine, de son pas habituel, ferme sur ses jarrets musclés malgré le poids de son corps puissant, il s’approcha de la fenêtre, souleva le store et sonna très fort. Aussitôt parut son vieux valet de chambre Matthieu, portant les habits, les bottes et un télégramme. Derrière lui venait le barbier avec ses instruments.

— Y a-t-il des papiers de la chancellerie ? demanda Stépan Arkadiévitch, et prenant le télégramme, il s’assit en face du miroir.

— Ils sont sur la table, répondit Matthieu en regardant son maître d’un air interrogateur et compatissant. Et, après un moment, il ajouta avec un fin sourire :

— On est venu de chez le loueur de voitures.

Stépan Arkadiévitch ne répondit rien, mais dans le miroir il regarda Matthieu. Leurs regards se rencontrèrent : ils se comprenaient. Le regard de Stépan Arkadiévitch semblait dire : Pourquoi dis-tu cela ? Ne sais-tu pas ?

Matthieu mit ses mains dans les poches de sa jaquette, les jambes un peu écartées, et, en silence, souriant à peine, regarda avec bonhomie son maître.

— J’ai donné l’ordre de revenir dimanche pro-