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II

Stépan Arkadiévitch était un homme franc avec lui-même. Il ne pouvait se leurrer ni se persuader qu’il se repentait de sa conduite. Il ne pouvait se faire un crime, lui, un bel homme de trente-quatre ans, de complexion ardente, de n’être pas amoureux de sa femme, qui avait donné le jour à sept enfants, dont deux étaient morts, et qui n’avait qu’un an de moins que lui. Il se repentait seulement de ne pas s’être mieux caché de sa femme ; mais il sentait tout le poids de sa situation et plaignait sa femme, ses enfants et lui-même. Peut-être eût-il mieux caché cette faute à sa femme s’il avait pu prévoir l’effet d’un tel événement sur elle. Évidemment, ils n’avaient jamais discuté cette question, mais il s’imaginait vaguement que depuis longtemps sa femme soupçonnait ses infidélités et qu’elle y était indifférente. Il lui semblait même