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de ses cheveux blonds se tenaient bien sur sa petite tête ; les trois boutons du long gant qui moulait sa petite main étaient bien attachés ; le velours noir du médaillon entourait gracieusement son cou ; ce petit ruban de velours était délicieux, et Kitty, en le regardant dans le miroir, en sentait tout le charme. Pour le reste on pouvait à la rigueur trouver à redire, mais le ruban de velours était au-dessus de toute critique.

En entrant au bal, Kitty lui adressa un sourire dans la glace. Sur ses épaules et ses bras nus elle sentait une fraîcheur marmoréenne et cette sensation lui était particulièrement agréable ; ses yeux brillaient ; ses lèvres roses souriaient involontairement ; elle sentait qu’elle était charmante.

À peine entrée dans le salon, et avant qu’elle n’ait eu le temps d’arriver jusqu’au groupe des dames toutes couvertes de tulle, de rubans, de velours et de dentelles, qui attendaient d’être invitées à danser, (Kitty ne restait jamais dans cette foule), quelqu’un vint l’inviter pour la valse ; c’était précisément le meilleur cavalier, le premier, selon la hiérarchie du bal, le célèbre directeur du cotillon, le chef du protocole mondain, le beau, l’élégant Georges Korsounskï, un homme marié, qui l’invitait. Après avoir quitté la comtesse Banina, avec laquelle il avait dansé le premier tour de valse, il jeta les yeux sur les quelques couples qui commençaient à danser, et aperçut Kitty qui entrait ; il accourut vers