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là-bas, précisément, je ne cessais de penser à la Russie et surtout à la campagne russe. C’est comme…

Il parlait en s’adressant à Kitty et à Lévine, portant de l’un à l’autre son regard calme et amical. Il disait évidemment ce qui lui venait à l’esprit.

Remarquant que la comtesse Nordston voulait parler, il s’arrêta sans achever la phrase commencée et se mit à l’écouter attentivement.

La conversation ne chôma pas un seul moment, si bien que la vieille princesse, qui tenait toujours, en cas de silence, deux grosses pièces en réserve : l’enseignement classique et moderne, et le service militaire obligatoire, n’eut pas l’occasion de les mettre en avant, non plus que la comtesse Nordston celle d’agacer Lévine.

Celui-ci, malgré son désir, ne pouvait se mêler à la conversation générale et se disait à chaque instant : « Maintenant c’est le moment de partir. » Mais il ne s’en allait pas comme s’il attendait quelque chose.

La conversation tomba sur les tables tournantes et le spiritisme. La comtesse Nordston y croyait et elle se mit à raconter les prodiges qu’elle avait vus.

— Ah ! comtesse ! Au nom du ciel, initiez-moi ! Je n’ai jamais rien vu d’extraordinaire, malgré tous mes efforts ! dit en souriant Vronskï.

— Eh bien ! venez samedi prochain, répondit la comtesse Nordston. Et vous, Constantin Dmitritch, y croyez-vous ? demanda-t-elle à Lévine.