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besoins de l’instruction, et il a commencé de travailler pour atteindre son but : outre tous les impôts qu’il paye il s’en impose un nouveau pour l’instruction, c’est-à-dire qu’il rétribue des maîtres ; et qu’avons-nous fait ? « Ah ! tu payes, avons-nous dit, eh bien, attends ! tu es bête et grossier, donne-nous ton argent et nous ferons mieux. »

Le peuple a donné de l’argent (comme je l’ai dit, dans plusieurs zemstvos, on a directement transformé en impôts l’argent destiné à l’école), on le lui a pris et l’on a organisé son instruction.

Je ne répéterai pas qu’on lui a organisé une instruction artificielle, mais que vaut cette organisation elle-même ? D’après le dernier recensement le district Krapivensky a quarante mille âmes y compris les filles. Selon les tables de Bourniakovsky, tables des âges dressées pour une population orthodoxe de dix mille âmes, en 1862, sur dix mille habitants il devait y avoir dix-huit cent trente-quatre garçons de six à quatorze ans et dix-neuf cent quatre-vingt-neuf filles du même âge ; au total trois mille huit cent vingt-neuf. Selon mes observations ce nombre doit être plus grand en raison de l’augmentation de la population, de sorte que la population scolaire peut sans erreur être évaluée à quatre mille.

Dans les écoles des grands centres, il y a, en moyenne, soixante élèves ; dans les petites localités, de dix à vingt-cinq. Pour que tous puissent