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maîtres de préférence parmi les habitants du pays ; 4o l’administration des zemstvos et du ministère distribue les écoles au hasard, c’est-à-dire en se guidant par la seule possibilité d’établir une école normale, et elle ne se soucie point de la plus grande moitié de la population qui, avec cette distribution, se trouve en dehors de l’instruction scolaire ; le peuple, non seulement n’admet pas la forme extérieure définie de l’école, mais par les moyens les plus variés il se procure des maîtres, établit des écoles moins bonnes et moins chères avec de petits moyens, meilleures et plus chères avec de grands moyens et, en outre, veille principalement à ce que toutes les localités puissent, pour leur argent, profiter de l’école ; 5o l’administration des zemstvos et du ministère fixe un salaire moyen assez élevé et augmente arbitrairement les suppléments fournis par les zemstvos ; le peuple exige l’économie la plus grande et répartit les salaires de telle façon qu’ils soient payés par ceux dont les enfants sont à l’école.

Il semble inutile d’insister sur la mesure dans laquelle les exigences du peuple indiquent nettement ses besoins, et sur cette chose artificielle dans laquelle, dès sa naissance, on tâche d’enfermer l’œuvre de l’instruction du peuple. Mais laissant de côté le vent de révolte et de justice qui se soulève spontanément contre un pareil ordre de choses, regardons ce qui se passe ; le peuple a senti les